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La Gaspésie

C’était en 18… ; des navires avaient été jetés à la côte. Un jour, dans un de ces petits endroits, les barges étaient à terre, car la morue ne donnait plus depuis une semaine, et l’on en profitait pour faire un peu de foin sur les bords de la rivière. On n’oubliait pourtant pas la mer ; car il y avait souvent des curieux sur la pointe. Deux obstinés pêcheurs avaient l’œil au vent depuis quelques minutes, quand l’un d’eux dit à l’autre : — Mais, Jacques, c’est un drôle de loup-marin qu’on aperçoit là-bas, au milieu de ces pièces de bois qui descendent avec la mer. Prends ton fusil et allons y voir. — Il y avait de fait, au large, une tête de loup-marin, qui s’agitait au milieu de quelques morceaux de bois, comme si elle avait voulu tirer son corps d’un mauvais pas. Un saut et un bond, et les deux pêcheurs étaient sur un flette et gagnaient vers le loup-marin. Déjà celui des deux qui était à l’avant mettait son fusil à l’épaule, quand la bête pousse un cri épouvantable : c’était