Page:Ferland - La Gaspésie, 1877.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
La Gaspésie

la direction du plomb qu’il lance contre eux. Leur nombre s’accroît à mesure que nous approchons de l’île aux Lièvres, près de laquelle des brassées de loups-marins font mille évolutions. Quelques centaines d’individus s’avancent à notre rencontre, avec rapidité et sur une seule ligne, comme pour défendre leur domaine. Puis les rangs se brisent, des escouades de vingt et de trente se forment, tournent, se croisent, se poursuivent, s’évitent. Semblables à de nouvelles levées, ils défient l’ennemi, tout en ayant le soin de se tenir à une distance respectueuse de ses coups. Leurs bravades excitent l’ardeur de M. F. ; le plomb vole sur les eaux ; les loups-marins plongent, reparaissent un peu plus loin et font le pied-de-nez à leur persécuteur. Dans la chaleur du combat, quelques coups de fusil sont dirigés vers une goëlette voisine, dont les matelots, peu désireux de tomber sous un plomb adressé à de vils animaux, prennent la liberté de réclamer. — « Goélette, ahoy ! » — « qui vive ! »