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La Gaspésie

ans ; et, s’il faut en juger par la force de ses poumons, elle pourra y vivre encore aussi longtemps.[1]

Le port Daniel est un excellent havre, qui peut avoir quatre ou cinq milles de tour. Les seuls vents du sud-est s’y font sentir ; il est abrité contre tous les autres par un cercle de hautes collines. Un étroit goulet décharge, dans ce bassin, les eaux d’un lac formé par la réunion de plusieurs rivières. Entre le lac et le port, s’avancent deux pointes basses et sablonneuses, sur lesquelles les pêcheurs ont bâti les habitations d’été, pour être plus près de leurs filets, de leurs vignots et de leurs berges. Les maisons d’hiver sont plus haut, au bord des rivières ; les familles y passent la saison rigou-

  1. La mère Christine est encore bien vivante, et toujours disposée à faire entendre sa voix. Elle se rappelle avec plaisir le temps où elle commandait la milice, quand Monseigneur Turgeon visita le Port Daniel ; c’était alors un temps comme on n’en voit plus aujourd’hui. Et les miliciens donc ! ce n’étaient pas des freluquets comme à présent ; ça savait manier le fusil et obéir au commandement.