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La Gaspésie

tâter et tourner le capelan ; lorsqu'enfin elle le juge dans les conditions voulues, elle l’emporte pour le dépecer à loisir sur quelque rocher solitaire.

Si la disette de poissons s’étend sur les champs et sur la grève, la corneille en est réduite aux coques, méprisées dans les temps d’abondance. Elle en choisit une qui, dès qu’elle se sent enlever, se renferme soigneusement dans son manteau. Soins inutiles ! la corneille s’élève dans l’air avec sa proie, et la laisse tomber sur le roc ; les écailles volent en éclats, et la pauvre coque, mise à nue, est facilement déchirée par son bourreau.

Sur la mer, comme dans l’air et sur la terre, les plus forts et les plus adroits vivent aux dépens des faibles et des sots.