Page:Ferland - La Gaspésie, 1877.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
La Gaspésie

ris ; lorsqu’il devient rare sur la grève et qu’elle ne peut plus le manger frais, elle ne fait point difficulté de recourir à celui qui sèche dans les champs de pommes de terres. Au pied de chaque tige, le cultivateur a jeté quatre ou cinq capelans, qui servent à engraisser le sol et à fournir la sève de la plante. Dans les temps de disette, c’est le grenier de la corneille ; elle passe de rang en rang, examine soigneusement, tourne, retourne, et choisit enfin un poisson mieux conservé que les autres. Elle l’enlève dans son bec, et s’envole au rivage afin de préparer son repas, car il faut quelque apprêt pour rendre ce capelan, dur et sec, plus propre à son estomac. Quand elle a bien examiné les accidents de la grève, elle s’arrête à une flaque d’eau qui possède les propriétés requises, et y laisse tomber son poisson ; en attendant qu’il soit bien préparé, et pour aiguiser son appétit, elle se livre aux jouissances de la méditation et de la promenade. De temps en temps, elle revient