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La Gaspésie

avec violence. Déjà nous n’en sommes plus qu’à trois ou quatre encablures, lorsque le capitaine rappelle les rameurs, fait jeter deux ancres, et se résigne à attendre, en ce lieu périlleux, des circonstances un peu plus favorables pour continuer le voyage.

Les balancements saccadés et non interrompus de la Sara produisent de mauvais résultats sur un des nôtres, qui jusqu’à ce jour s’est montré fort solide ; pour arrêter le mal de mer dès son début, il prend le sage parti d’aller dormir. Quant aux autres voyageurs, qui commencent à avoir le cœur marin, ils s’occupent à faire la pêche ; en moins de deux heures, ils ont jeté sur le pont une quarantaine de morues, dont les souffrances sont abrégées par le couteau. Mathieu leur tranche la tête, les éventre, et sale les chairs pour le jour où la pêche sera mauvaise ; il réserve les têtes pour en faire un salmigondis, que les pêcheurs de