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La Gaspésie

qu’une main charitable se hasarde à vous tirer par-dessus le bordage. Une fois monté, il vous est libre de rire de ceux qui, à votre exemple, escaladent les flancs du navire.

Nous voici enfin à bord, sains et saufs. Pendant le reste de la journée, la Sara croise péniblement, contre le vent et la marée dans le chenal, d’une demi-lieue de largeur, qui sépare la terre ferme de l’île Bonaventure. Tantôt la goëlette porte le cap vers les rivages verdoyants de l’île ; tantôt, au rauque commandement du capitaine V., « paré à virer, mes garçons ! » elle est ramenée vers les récifs de Percé, au-dessus desquels la vague s’élance, brisée et divisée en mille flocons d’écume.

À la chute du jour, les maisons blanches du village sont encore devant nous, quoique déjà plus de trente fois nous ayons viré de bord pour nous en éloigner.