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ENTRE DEUX RIVES

C’est-à-dire que, tour à tour, ses unités sont dirigées vers les points les plus menacés où, sous le poids des attaques et l’avalanche des projectiles, les lignes menacent à tout instant de se rompre. Nul repos, nul répit pour notre armée harassée et meurtrie dont tous les espoirs, l’un après l’autre, s’évanouissent.

Écrasés par les obus monstres, les forts sont réduits à l’état de décombres. Le front craque partout. Les brèches constamment s’élargissent. Il n’est bientôt plus qu’un salut : abandonner la forteresse et, par la retraite, sauver l’armée de campagne du désastre total. Le mouvement de repli vers la côte doit commencer dans la nuit du 6 au 7 octobre. Dans la journée du 6, l’ordre est donné au 9ème de ligne de tenir coûte que coûte la ligne de la Nèthe en face de Waelhem. Un bombardement d’une violence exaspérée s’acharne sur les positions qu’il occupe. Mais il s’accroche, sans faiblir un moment, au terrain dont on lui a confié la garde, malgré la fatigue et les vides sanglants qui se creusent dans ses rangs. Il tient jusqu’à la tombée du jour, jusqu’à l’heure fixée pour commencer son repli. Le régiment a témoigné d’un tel courage et d’un tel esprit de sacrifice que le général Orth, commandant la brigade, adresse au colonel