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ENTRE DEUX RIVES


Quelque part au Front, août 1918.


Raymond à Louise


Le courrier vient de nous arriver… J’ai lu votre bonne lettre et je l’ai précieusement cachée dans mon havresac afin de pouvoir la relire encore aux heures où l’ennui nous pèse…

Votre description du village natal m’intéresse d’autant plus que nous n’avons pas, en Belgique, ce genre de campagne. Votre joli coin de verdure, calme et reposant, doit être des plus agréables, et je me figure que je vous vois trottiner par les routes, sous le soleil, vous grisant d’air pur et de lumière, loin des bruits de la ville… Je suis jaloux, ma cousine !

J’ai lu avec attendrissement l’exquis poème qui m’a fait connaître une page douloureuse de votre histoire, écrite par ces Acadiens qui sont vos frères en même temps que les fils de la grande âme française…

Dans ces chants sublimes j’ai puisé une leçon profonde d’espoir pour nous, Belges si éprouvés et exilés par un oppresseur sans scrupules comme sans pitié ! Merci de ce chef-d’œuvre que je garde en souvenir du lien fraternel qui nous rattache l’un à