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ENTRE DEUX RIVES

Ah ! que de « mais » angoissants il faut mettre dans la vie de ceux qui ont quitté depuis quatre années leur foyer, leur famille, leurs affaires ! Comment retrouverons-nous ce que nous avons laissé au pays… Y retournerons-nous d’abord ?… Car nous avons fait, au départ, le sacrifice de notre vie, et qui sait ? si la mort ne nous prendra pas demain ?

Et vous comprendrez que le cafard puisse nous venir parfois, à retourner en notre cerveau fatigué ces souvenirs, cette évocation de tout ce qui nous est cher et que nous n’avons plus… Mais petite sœur et maman m’écrivent ; elles me parlent de leur santé, comme toujours, elles me conseillent d’espérer, de lutter… et mon cœur redevient fort !

Dans les feuillets de votre livre j’ai trouvé un entrefilet de journal : une polémique à l’adresse des fanatiques de l’Ontario, intitulée : « Notre français et leur français ». Elle m’a fait rire, et me rappelle une comédie belge que je vous ferai parvenir un bon jour. Toutefois vous ne devez pas juger du parler belge d’après cette dernière.

Étant sur ce chapitre, je vous dirai que la Belgique est bilingue, elle aussi. Nous avons des contrées wallonnes-françaises et des contrées flaman-