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ENTRE DEUX RIVES

valeur lorsque nous ne pouvons plus en jouir !… Jolis décors qui sont à peu près les mêmes, chez vous et chez nous !… Je crois revoir un coin de campagne, pas loin de Bruxelles, où je passais la vacance scolaire : parrain m’amenait aux champs, et le soir je revenais à la ferme, fatigué d’avoir couru le long des haies, d’avoir chassé les oiseaux, me laissant aller au sommeil qui nous gagne lorsque nous avons respiré le grand air… Et je faisais de si beaux rêves sur la charge molle de la grande charrette à foin !… Dire que tout ça, c’est fini !… et que nous ne revivons ces charmantes scènes qu’en fermant les yeux, dans le passé !

J’ai aussi lu avec intérêt les notes que vous m’avez transmises sur votre vaillante armée… Ils partent le sourire aux lèvres, vos compatriotes, dites-vous ? et je ne vous cache pas qu’il en est ainsi de nos jeunes recrues… Mais…

Ah ! oui, nous avons tous des ailes, de l’audace, de la fierté ; nous aimons la bataille, le bruit des armes ; mais…

Nous avons des frères, des amis autour de nous ; mais…

Nous nous consolons les uns les autres, nous nous entraidons ; mais…