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ENTRE DEUX RIVES

les planches, sur la paille, dans des abris presqu’inondés, trouve tellement bon d’avoir un lit, un vrai ! qu’il le raconte à tout le monde tant cela lui paraît étrange…

Je viens de recevoir une carte de ma mère ; elle est timbrée de l’odieuse marque allemande ! Il faut que ces infâmes mettent leur empreinte jusque sur l’expression de nos plus chers sentiments ! Cette carte ! Six lignes en tout, me disant que là-bas on pense à nous, on prie pour nous, et qu’on espère nous revoir bientôt !… Entre ces petites lignes, je lis la tendresse maternelle, la piété familiale ! En un instant, la chère patrie surgit devant moi, le cercle intime du foyer, la maison où s’écoulèrent les jours heureux des années paisibles…

Mais la nostalgie me gagne… mes yeux s’embrouillent maintenant… Je songe au retour probable et lointain… Je me sens le cœur d’un enfant.

Bonsoir, marraine ! Pensez à moi !




Un mot encore : j’ai pu me procurer le compte-rendu de la mémorable bataille du 17 avril, de Kippe à Langemark, et je vous l’adresse, croyant