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ENTRE DEUX RIVES

dienne en vous disant que vous vivez dans une contrée charmante et poétique, attrayante au plus haut degré, et dont les beautés naturelles valent bien les beautés artificielles de nos anciennes cités.

Je ne peux m’empêcher de sourire quand je songe à la petite photographie qui devait intriguer votre curiosité bien légitime… Vous avez deviné juste, et je vous félicite !… Vous ne m’en voulez pas de cette espièglerie que je me suis permise ?… Il faut bien badiner un peu pour rester jeune et ne pas vieillir doublement par ces jours de lutte et d’ennui !

La vie est rude et triste ici : l’offensive dont je vous ai parlé déjà est déclanchée. En ce moment même quelques avions ennemis nous survolent ; mais ne vous effrayez pas : nos canons leur font si bon accueil qu’il vous faut vite vous rassurer… Le ciel est tout plein de petits nuages blancs, signes caractéristiques de l’explosion des shrapnells… La nuit, le champ de bataille en est tout éclairé, et cela donne lieu à d’émouvantes scènes !…

Je cesse mon bavardage, car la censure, cette maussade « Anastasie », pourrait bien se fâcher et couper de ses longs ciseaux quelques passages trop « réalistes ».