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ENTRE DEUX RIVES

vous dire le plus simplement du monde ses pensées et ses sentiments.

Je vous remercie sincèrement de l’accueil fraternel que vous m’avez fait. J’aurai désormais en vous une confidente, et je sens déjà votre douce main d’infirmière panser de loin mon cœur qui souffre de savoir que les êtres qui lui sont les plus chers sont demeurés en pays envahi, soumis à la domination des hordes teutonnes.

Vous semblez cependant me plaisanter un peu au sujet de l’âge mentionné par moi dans ma demande d’une marraine ; mais je dois vous dire que, si j’ai manqué aux règles de la courtoisie en agissant ainsi, je n’ai maintenant nul besoin de connaître cet âge de ma cousine d’adoption : son style est jeune, alerte et gai, son cœur parle par sa plume, et cela me suffit !… Nous nous entendrons fort bien, n’est-ce pas ?

Je ne suis pas au front en ce moment ; je donne l’instruction militaire aux jeunes recrues, à ceux qui ont réussi à « passer le fil » pour venir défendre le cher morceau de patrie inviolé. Mais vous, n’allez pas croire que je suis un vieux « rat de caserne », car je compte bien être à nouveau dans les Flandres lorsque cette lettre vous arrivera.