Page:Ferland - Entre deux rives, 1920.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
ENTRE DEUX RIVES

que je n’ai plus l’âge que vous souhaitez à votre marraine ; pour vous faire oublier ce petit malheur, je m’efforcerai de rajeunir la presque vieille plume qui se propose de combattre le cafard déprimant qui pourrait s’emparer de votre cœur par certains jours de solitude et de ciel gris. Je veux mettre un peu de soleil et de rayonnante gaiété dans votre vie afin de ranimer votre courage, et si j’atteins ce but je serai heureuse, très heureuse que ma sympathie ait pu soutenir votre vaillance.

Je vous déclare en toute franchise que mon admiration est acquise depuis longtemps aux braves soldats de la Belgique qui surent former de leurs poitrines un rempart que les Allemands n’ont pu qu’entamer, et dont le geste fier et noble a permis à la France de se ressaisir et d’organiser sa défense. Je suis donc enchantée de correspondre avec un de ces vaillants, et je n’ai pas besoin de vous inviter à m’écrire aussi souvent qu’il vous sera permis de le faire. Nous parlerons d’un peu de tout dans nos lettres, de votre vie, de la mienne, de la Guerre et de la Paix victorieuse qui semble se dessiner à l’horizon, car chaque flot qui déferle sur vos rives vous apporte l’appui et l’encouragement du Nouveau-Monde.