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ENTRE DEUX RIVES

les yeux et la gorge vont bien, et je ris tout bonnement de l’aventure, n’oubliant pas néanmoins de remercier Dieu qui m’a protégé et qui a fait pencher la Victoire de notre côté, celui du Droit et de l’Honneur !

Je vous envoie une photographie de la petite maison vers laquelle mes pensées se sont envolées bien souvent durant ces années de guerre. Maman et petite sœur m’ont patiemment attendu sous ce toit, et j’ai maintenant la consolation de les embrasser aussi fort, aussi longuement qu’il me plaît…

Mon congé de convalescence m’a permis d’assister à diverses fêtes, des plus impressionnantes, entre autres le retour de la famille royale dans la capitale.

J’ai quitté Bruxelles hier, et je suis cantonné à Liège où je resterai probablement jusqu’à la signature de la Paix. La cité est en fête : le Roi et la Reine y font solennellement leur entrée. C’est du délire partout. Des acclamations sans fin ! Le « régiment de fer », qui résista si courageusement à Liège en 1914 défile par les rues. Une pluie de fleurs tombe sur tous ces braves… Les édifices sont illuminés et décorés comme jamais ils ne le furent, et pourtant les Boches n’ont quitté ce lieu que depuis six jours !