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— Que vous importe cette croix, répliqua Robert d’un ton hargneux ; mon dos n’est-il donc plus ma propriété ?

Le maitre d’école s’inclina en souriant, et Robert continua son chemin. Mais la croix était devenue plus lourde à ses épaules.

Il commença donc à penser qu’il ne serait point aussi facile de rester quitte de son loyer envers M. Duval.

Si tant de railleries l’accablaient déjà, que serait-ce lorsqu’on saurait la cause du bizarre ornement qu’il portait. Autant eût valu que son propriétaire lui attachât au dos une quittance générale.

Nous passons maintes autres tribulations que notre pauvre porte-croix eut encore à subir soit dans la rue, soit au cabaret, soit chez lui, de la part de sa chère moitié qui n’était pas trop endurante, ainsi qu’on l’a déjà vu.

Quelque temps encore, Robert se raidit contre ces attaques par l’énergie de sa fureur. Mais enfin, il comprit qu’il n’y aurait plus pour lui de repos, ni au dehors, ni dans son intérieur, tant qu’il aurait sur le dos ce ridicule ornement.

Et, de son propre mouvement, il se mit à l’effacer.

La semaine suivante, il se rendit de bonne heure chez son propriétaire, le loyer du mois à la main.

— Ah ! ah ! Robert, dit M. Duval, dès qu’il l’aperçut, je pensais bien que vous ne tarderiez pas à vous repentir de votre marché. Ceci est une bonne leçon pour les caractères envieux et impatients qui se plaignent sans cesse de Dieu et de la vie.

Rappelez-vous à l’occasion que celui qui nous a créés a proportionné les épreuves aux forces de chacun. Ne vous plaignez plus d’être moins heureux