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— Quelle furie ! murmura-t-il en s’éloignant ; si elle avait été plus douce, je lui aurais appris quel bonheur m’était arrivé ; mais elle ne mérite pas de le savoir.

— Oh ! oh ? cria le vieux François, au moment où Robert tournait le coin de sa maison ; qu’est-ce que cette croix blanche que vous portez sur le dos ?

— Mêlez-vous de vos propres affaires, répondit insolemment Robert, en continuant sa route.

— Monsieur Robert, dit la petite Anne, la fille de l’épicier : un moment, s’il vous plaît, que j’efface la grande croix que l’on vous a faite sur l’épaule.

— Allez vendre vos harengs, paresseuse, répliqua Robert, et ne vous occupez point de ceux qui passent.

La petite fille toute interdite, se hâte de rentrer dans la boutique de sa mère. Dans ce moment, Robert arrivait à la maison du boucher, qui causait sur le seuil de sa porte avec le forgeron, son voisin.

— Vous êtes l’homme dont j’avais besoin, dit celui-ci en arrêtant Robert, et il se mit à lui parler d’affaires ; mais à peine avait-il commencé, que la vieille Catherine arriva, en s’écriant :

— Holà ! monsieur Robert, c’est une horreur que votre dos !

Robert se détourna pour lui répondre de le laisser en repos ; mais le forgeron aperçut alors la marque faite par M. Duval.

— Par le ciel ! regardez, dit-il en riant ; il pourrait servir d’enseigne au cabaret du Canard-Blanc.

— Je suppose, ajouta le boucher, que sa femme lui aura mis ce signe sur l’épaule, de peur de le perdre.

Robert sentit qu’il n’y avait pour lui qu’un seul moyen d’échapper aux plaisanteries ; aussi se hâta-t-il de vider la place, non sans avoir traité la bonne femme de vieille sorcière et ses deux voisins de fous