Page:Ferland, De Villers - Le sorcier de l'isle d'Anticosti - À la recherche de l'or - Au pays de la Louisiane, 1914.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 59 —

point d’être réprimandé. On lui cita l’exemple de Simon, qui payait toujours exactement et jusqu’au dernier centin.

— Oui, oui, murmura Robert, il y en a qui naissent la bouche pleine d’argent… Simon est bien heureux, lui, et je ne m’étonne pas que l’on paie régulièrement, quand on a fait un si bel héritage.

— Simon a fait un héritage, il est vrai, reprit M. Duval, mais ses infirmités sont une bien lourde croix, et si vous en étiez affligé, vous vous plaindriez bien davantage.

— Non pas, répondit Robert ; la plus lourde croix que je connaisse, c’est d’être obligé de travailler sans cesse pour solder mon loyer.

M. Duval était un homme de joyeuse humeur, mais bon observateur. Il avait remarqué depuis longtemps l’envieuse disposition de Robert, et il résolut de le convaincre que la plus légère croix devenait bientôt pesante pour un esprit mal fait.

— Je vois, dit-il à Robert, que vous êtes parfaitement disposé à ne rien faire ; eh bien ! je puis vous exempter de cette obligation de travail dont vous vous plaignez si douloureusement. La croix de votre voisin Simon est bien facile à porter, dites-vous. Voulez-vous en accepter une plus légère, et je m’engage à vous tenir quitte de votre loyer ?

— Mais quelle espèce de croix me mettrez-vous sur l’épaule ? demanda avec inquiétude Robert, qui craignait que la proposition ne fut pas acceptable.

— Celle-ci, dit M. Duval, en prenant un morceau de craie et en traçant une croix blanche sur l’habit de Robert. Pendant tout le temps que vous la porterez, je ne vous demanderai pas un centin de votre loyer.

Robert pensa d’abord que son propriétaire vou-