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TESTAMENT BIZARRE


Louis Cartusius, jurisconsulte à Padoue, défendit dans son testament à tous ses parents et amis de pleurer à son convoi. Celui d’entr’eux qui pleurerait serait déshérité, et, au contraire celui qui rirait du meilleur cœur, serait son principal héritier et son légataire universel.

Il défendit de tendre en noir la maison où il mourrait ainsi que l’église où il serait enterré, voulant au contraire, qu’on les jonchât de fleurs et de rameaux verts le jour de ses funérailles.

La musique devait remplacer le son des cloches ; les flûtes, les violons, les tambours devaient l’accompagner à sa dernière demeure. Tous les ménétriers de la ville devaient suivre le clergé à son enterrement, en faisant retentir l’air de leurs instruments, et, en chantant « Alléluia » comme le jour de Pâques.

Son corps devait être enfermé dans une bière couverte de draps de diverses couleurs joviales et éclatantes ; il voulait qu’il fût porté par douze filles à marier vêtues de vert et chantant des airs gais et récréatifs.

Les jeunes garçons et les jeunes filles qui accompagneraient le convoi, porteraient des rameaux et des palmes au lieu de flambeaux ; il ne devait y avoir à son convoi aucun assistant habillé de noir, en un mot tous les signes de la tristesse devaient en être proscrits.

L’exécuteur testamentaire devait veiller à l’accomplissement absolu de ces dispositions sous peine de nullité.

Ce testament fut attaqué, mais un jugement le déclara valable.

Si la Législature de Québec eût existé, ce testa-