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longtemps. Hélas ! il ne comprit que trop tôt pourquoi l’ennemi avait attendu.

Sûr maintenant qu’ils ne s’échapperaient pas, le voleur du cheval était allé retrouver quelques hommes de sa tribu qui campaient dans le voisinage, et à peine les premières ombres du soir tombaient-elles, que leur cri de guerre retentit, cri horrible qui porta l’effroi dans le cœur des jeunes filles et du pauvre Daniel.

Robert, tirant ses pistolets, s’apprêtait à défendre ses sœurs, se demandant avec angoisse ce qu’elles deviendraient, s’il mourait avant elles, lorsqu’une vingtaine de Peaux-Rouges, bizarrement tatoués et portant à leur ceinture des chevelures enlevées à des faces pâles, semblèrent surgir du sol même, car ils s’étaient cachés derrière de grosses roches et bondirent sur Robert et Daniel, qui furent immédiatement mis hors d’état de pouvoir faire aucun mouvement.

Quant aux jeunes filles, on se contenta de leur lier les pieds et les mains et elles furent jetées en travers sur le dos de la Grise. Quatre hommes prirent les deux prisonniers, et toute la troupe disparut. Nul n’aurait pu dire ce qui s’était passé dans ce coin retiré, où seules les herbes froissées parlaient de lutte et d’embuscade.

Cependant un homme de haute stature sortit lui aussi des roches et parut contempler avec attention le lieu de la rencontre. À sa peau bistrée, ainsi qu’à quelques détails de son costume, on l’eût facilement pris pour un Indien.

Une froide décision se lisait dans ses traits énergiques.

Suivant l’habitude de ceux qui vivent seuls, il se mit à monologuer :

— Où ce gueux de Jaguar les emmène-t-il ? Dire que je les suis depuis hier et que tout à l’heure je