Page:Ferland, De Villers - Le sorcier de l'isle d'Anticosti - À la recherche de l'or - Au pays de la Louisiane, 1914.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 48 —

VI

LA CAPTURE

Le jeune homme prit sa tête à deux mains, cherchant à se remettre de sa stupeur. Paula, elle, secouée par un tremblement dont elle n’était pas maîtresse, se redisait :

— Ce n’était pas un rêve !

Le pauvre Daniel s’injuriait :

— Paresseux ! pourquoi as-tu dormi plutôt que de veiller ! C’est comme cela que tu as soin de ces enfants !

— Allons ! dit Robert, il est évident qu’un ennemi nous poursuit. Il aurait pu nous tuer comme ces pauvres hôtes ; s’il ne l’a pas fait, c’est qu’il n’a pas eu le temps, ou qu’il a intérêt à ménager notre vie. En tout cas, je suis armé, se dit-il en lui-même, et ils devront l’acheter chèrement.

— Ah ! dit plaintivement Lucy, si nous avions seulement Cœur-Vaillant pour t’aider !

Dans le danger, elle se rappelait l’ami dont leur avait parlé leur père.

S’étant un peu écartés des chevaux morts, les jeunes gens et Daniel tinrent conseil. Il fut convenu qu’on chercherait à rejoindre le cours du Mississipi, où peut-être on trouverait une barque pour remonter le fleuve ; car il était impossible à deux jeunes filles délicatement élevées de faire la route à pied, même en montant alternativement sur la Grise, comme on l’avait décidé.

Au point du jour on se mit donc en route pour suivre le cours de la rivière. On avançait lentement. Robert ouvrait la marche soutenant celle de ses sœurs qui allait à pied ; l’autre était sous la garde de Daniel, qui conduisait la Grise.

Robert se rassurait un peu, se disant que si l’on avait voulu leur mort, on n’aurait pas attendu si