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— Non, car, pour m’avertir, tu te moucheras. Tu sais, qu’enfants, nous t’appelions la trompette du jugement dernier.

Et piquant des deux, Robert rejoignit ses sœurs qui s’étaient arrêtées pour l’attendre.

— Ne faites aucun mouvement, leur dit-il, mais écoutez-moi. Un rôdeur nous espionne ; il est possible que je cherche à l’atteindre à un moment donné ; vous resterez alors avec Daniel, attendant mon retour.

Paula releva vaillamment la tête ; Lucy pâlit. Robert cachant son inquiétude, se mit à rire.

— Espériez-vous donc n’avoir aucune alerte en route ? leur dit-il. Allons, bon courage, et du sang-froid !

Vers le milieu du jour, comme on s’était arrêté pour laisser passer les heures chaudes, tout à coup l’énorme nez de Daniel se mit à chanter avec fracas, et Robert, aussitôt debout, vit que les entraves de son cheval venaient d’être coupées, et que le noble animal semblait résister à une force invisible.

Le jeune homme bondit et aperçut un sauvage à l’air féroce et qui devait être un des chefs de sa tribu, à en juger par les plumes d’aigles qui ornaient sa tête.

Robert le saisit violemment, en s’écriant :

— Qui es-tu ? Que veux-tu ?

Le sauvage avait d’abord plié sur ses jarrets tant l’agression avait été soudaine ; mais c’était un homme d’une force herculéenne : d’une secousse il se fit libre, sauta sur le dos du cheval de Robert sans toucher à l’étrier, et malgré les bonds de l’animal qui ne reconnaissait pas son maître, le força à un galop échevelé.

Robert resta un moment abasourdi, tant la scène avait été rapide. Une colère folle le secoua bientôt. Que faire maintenant ?…