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C’est ici que commencent réellement les dangers et les fatigues de ce rude chemin.

Le mineur s’y trouve avec un bagage relativement considérable, qu’il doit transporter ; soit en traîneau, avec le concours des chiens ; soit en recourant aux Indiens, qui font chèrement payer leurs services ; ou bien, ce qui est fréquent, il divise ses paquets, et, les chargeant sur ses propres épaules, opère l’ascension de la montagne, en se cramponnant au câble de secours.

Parvenu au sommet, après de nombreuses allées et venues, il remet ses colis dans le traîneau, et en avant.

Le pays qu’il traverse est remarquable par sa sauvage beauté, mais les admirateurs de cette nature primitive sont rares.

Ceux que la fièvre de l’or étreint, passent indifférents devant un spectacle qui ravirait les yeux d’un artiste ; les scintillements des glaciers les laissent froids. Ils ne pensent qu’aux richesses fabuleuses qui les attendent aux termes de cette longue route parsemée de cadavres humains.

Les ouragans de neige, particulièrement redoutables, ont déjà fait de nombreuses victimes.

Le thermomètre baisse et remonte alternativement ; après avoir suivi des sentiers de glace, un dégel survient et l’on marche dans la neige à moitié fondue. Les chiens et les chevaux ont les pieds en sang, les conducteurs jurent et les frappent, à demi aveuglés par l’ophthalmie, causée par la réverbération de la neige ; puis, enfin, harassés de fatigue, perclus de froid, on débarque sur le soir au refuge où l’on passera la nuit.

Les tentes sont dressées, et les poêles chauffés à blanc corrigent un peu la rigueur d’une température hyperboréenne ; après un repas sommaire, chacun s’enfonce avec délices dans son sac-lit, et oublie, dans