Page:Ferland, De Villers - Le sorcier de l'isle d'Anticosti - À la recherche de l'or - Au pays de la Louisiane, 1914.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 22 —

Tout bonheur que la main n’atteint pas n’est qu’un rêve.

Vous vous souvenez du mot de cette grande dame du dix-huitième siècle, qui, apercevant ses premières rides dans la glace, disait, non sans mélancolie :

— Quand on songe que, dans dix ans, je regretterai ce visage-là !…

Le bonheur est comme cette figure mûrissante : il faut l’accepter avec ses rides, ses défectuosités, et se hâter pendant qu’il en est temps encore.

Je crois que, pour connaître et garder le bonheur, il est nécessaire qu’une certaine simplicité de cœur, beaucoup de bonté, un grand oubli de soi, guident mystérieusement vos pensées, vos actes, vos paroles, et surtout que vos élans, votre foi incorrigible, et tout ce qu’il y a de spontané, de généreux en vous, ne vienne pas se glacer au contact de ces deux mortels ennemis du bonheur : l’Ironie et le Pessimisme.

J’ai lu l’album des « Confidences » des Annales et les malices que nombre d’auteurs célèbres y ont glissées. Ils se sont divertis à noter les travers de notre époque et à les donner comme formules de bonheur. C’est une critique spirituelle de nos mœurs.

Vous vous rappelez la question :

« Quelle est la qualité qui, en notre siècle, assure le bonheur ? »

Écoutez le joli chapelet de réponses :

La Bassesse, dit Georges de Porto-Riche ;

L’Effronterie, assure Gyp ;

Le Mépris, avance Henry Bordeaux ;

Le Snobisme, remarque J.-H. Rosny, aîné ;

La Sottise béate, affirme Georges Cain ;

La Muflerie, déclare de Féraudy ;