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2. — À LA MÊME[1].
Gênes, 17 juillet 1769.

Je suis toujours inconsolable d’avoir quitté Paris[2], et encore plus inconsolable de n’avoir reçu aucune nouvelle ni de vous, ni du paresseux philosophe[3]. Est-il possible que ce monstre, dans son impassibilité, ne sente pas à quel point mon honneur, ma gloire (dont je me fiche), et mon plaisir et celui de mes amis (dont je me soucie beaucoup) sont intéressés dans l’affaire que je lui ai confiée, et combien je suis impatient d’apprendre qu’enfin la pacotille ait doublé le Cap et passé le terrible défilé de la révision ? car, après cela, je suis tranquille sur le reste.

Mon voyage a été très heureux sur la terre et sur

  1. Cette lettre a été insérée par Grimm dans sa Correspondance littéraire du mois de janvier 1771 (Édit. Tourneux, Paris, Garnier, 1879, t.  IX, p,222), avec ce préambule : « Je vais remplacer cette correspondance (celle de Voltaire avec Damilaville, mort en 1778), par des épîtres qui ne ressemblent, en aucune manière, à celles du prince des apôtres, mais qui n’en sont pas moins originales, et qui ont à peu près le même objet. Depuis que l’abbé a quitté la France, il a entretenu une correspondance fort exacte avec une des sœurs de la communion philosophique. Son style, sa tournure, sa manière de voir, ses idées, rien, excepté l’unité de la foi et du dogme, et la même pureté de doctrine, ne rappelle la manufacture de Ferney… Qu’importe de quelle manière la parole de la raison soit prêchée, pourvu que son règne advienne ? Écoutons-la donc de la bouche de notre charmant grand-vicaire de Naples, et que nos cœurs se sanctifient par la prédication d’une des plus grandes lumières qui aient été accordées à l’Église en ces derniers temps. » Il résulte de là, que l’on pourrait espérer trouver, dans les archives de Gotha et ailleurs, des copies des lettres de Galiani, adressées par Grimm à la suite des siennes.
  2. D’après Galiani lui-même, c’est le 14 juin 1769 qu’il avait quitté Paris. Voir la lettre du 14 juin 1777. À cette date la Cour était à Marly ; ses amis Gatti et le baron de Gleichen, le comte d’Affry, l’abbé de Mably, la duchesse d’Enville et sa fille la duchesse de Chabot, à chanteloup, les Trudaine à leur propriété de Châttillon, près Paris.
  3. Diderot, à qui il avait laissé son manuscrit des Dialogues sur les blés pour le revoir et le faire imprimer, et dont le 18 septembre, il disait qu’il ne lui avait pas encore écrit. (Voir p. 12.)