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point chercher leurs inspirations dans le brillant passé de notre histoire.

Les proverbes wallons sont généralement d’une concision remarquable. C’est un mérite qu’on ne peut leur contester. Le pittoresque de leurs expressions est tel, qu’il peint des nuances d’idées qu’on ne peut rendre en français que par de languissantes périphrases. Diné on peu pó ravu inn féve : combien de personnes ne font un cadeau que pour en recevoir cent fois l’équivalent ! Kwan l’pourçai est sô, lez r’ laveurz sont seûrz : quand on a désiré vivement une chose et qu’on la possède, on la rejette avec mépris pour en désirer une plus belle.

Le wallon est riche en métaphores ingénieuses, en locutions hardiment figurées et surtout en onomatopées d’une mimologie vulgaire intraduisible. L’oiseau nommé Hutte s’appelle chez nous bout-bou-bout, comme le cri qu’il fait entendre. Houki, appeler quelqu’un en sifflant. Frîg ! qui se dit quand l’amorce d’une arme à feu s’allume sans que le coup parte.

    Et po d’so on dob carillon
    Ki triboléve d’inn tell façon
    Ki sin s’bogi fou di s’couleie
    Onz oïév heur, qwârd’heur et d’meie,
    Sou k’esteu inn comodité
    Dè pu grande pò tot net Cité…
    Vos race di gueux, Diu mè l’pardonn !
    Avive li diale ès vo maronn
    Ou arregive qwan v’z abatti
    On si bai et si haut clocki !…
    … Ki n’ vi cassiv turto l’cô
    Qwan v’z avé fèrou l’prumi cô !…
    Vo neûr mivé ! aviv eveie
    Di n’pu fé k’on Viëge di nos veie !
    Ki n’aviv è coir li hawai
    K’a distru inn ovrège si bait