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Colass, tò tournant l’tiess.

Awè, Maïane, awè, jè l’sò.

DUO.
Maïane.

Ah ! ji ne l’pléve creure :
Koi, Colass, ti m’qwittret ?
Nèni, i fâ k’ti d’meure ;
si t’es va, ji mourret !

Colass.

Mi même ji n’poléve creure
Ki jamâie ji t’qwittreu :
Mein, Maïane, si ji d’meure,
Ji passret pò on gueu.

Maïane.

Kimein, âress li cour
Di m’fé desesperé !…

Colass.

Maïane, dihez ki j’moure
Mein ni m’fé nin d’moré.
Si voz avi juré,
Pârlé, ki frive vò même ?

Colass.

Pout-on jamâie juré
De qwitté son k’onz aime ! etc.

Si l’on voulait une nouvelle preuve qu’en wallon on peut rendre tous les sentiments, on n’aurait qu’à se rappeler ce délicieux refrain d’une romance malheureusement trop peu connue :

Binameie Mareie,
Mareie, ji tè preie !
Fais soulà por mi
On ti m’ vieret mori…

Cette romance démontre de plus que la poésie et la musique réunies peuvent donner une forme séduisante au dialecte le plus âpre, et parvenir, par une sorte de prestige, à tromper l’oreille et parfois le cœur avec les sentiments et les pensées les plus simples revêtus du langage en apparence le moins poétique. Nous pourrions