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ciation. Entre autres, les troisièmes personnes affectent de se charger de la finale t, et la voyelle qui suit s’appuie fortement sur lui : I vat à Lîge ; I bou hatà l’ouh (il cogna à la porte).

Une singularité frappante se montre dans l’Impératif. C’est que les pronoms s’élident tout à fait : Diné m’, donnez-moi ; diné v’, donnez-vous.

Des Participes, il n’y a que le participe présent qui offre quelques difficultés, comme, par exemple, quand il s’agit de savoir s’il doit conserver le t. — Le participe masculin en ou fait au féminin owe : vinou, vinowe ; qwerou, qwerowe.

Dans les négations, le pas français se change en nin ou gott, etc., etc.

Nous pourrions facilement multiplier ces comparaisons ; mais elles suffisent, croyons-nous, pour démontrer que le wallon possède un curieux système grammatical ; il ne résulterait d’ailleurs de nos recherches, trop peu étendues sans contredit, que peu d’utilité, vu qu’on pourrait prendre pour des règles générales les exemples isolés que nous citerions, et que les caprices de la prosodie wallonne sont, plus que partout ailleurs, très-arbitraires ; et c’est sans nul doute à cause de cette difficulté de rendre par des signes distincts les éléments constitutifs de notre dialecte, qu’aucun système orthographique passable n’a encore été proposé pour l’écrire. Le Liégeois dévore les mots plutôt qu’il ne les prononce, et il ne paraît satisfait que quand les consonnes étouffent les voyelles ou qu’il en peut faire des monosyllabes à la terminaison dure ou nasale. Le choc des syllabes rudes est alors si frappant, que cette volubilité rend le wallon tout à fait inintelligible aux Français, qui pré-