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En 1071, l’empereur Henri IV étant à Liége, les moines de Stavelot y apportèrent les reliques de St.-Remacle pour capter plus facilement son suffrage dans le procès qu’ils soutenaient contre les religieux de Malmedy. Il est impossible d’énumérer les miracles que l’ancien évêque de Liége fit dans sa métropole. L’empereur, sa cour et un grand nombre de personnes venues à cette occasion de contrées lointaines, en reçurent l’impression la plus vive. Un ménestrel, qui exécutait en même temps des tours de jonglerie (cantor quidam jocularis), se croyant inspiré par St.-Remacle, improvisa en vers l’histoire de ce bienheureux, parcourut la ville pour réciter ses chants wallons (cantilenœ), et vit longtemps la foule émerveillée se presser sur ses pas[1].

Les chants de gestes, les romans de chevalerie, écrits en wallon, étaient des compositions qui couraient parmi le peuple. Les dames et les chevaliers, le bourgeois et le serf rejetaient la langue des clercs pour l’idiome préféré par les ménestrels et les trouvères. Les jeunes écoliers (pueri scholarum) mettaient sur la même ligne les productions nationales et celles des auteurs les plus célèbres de l’antiquité. Pour les jeunes filles même, la lecture des romans de chevalerie formait la partie com-

    menestriers de Liége iroyent toujours le mercredy après la feste de St.-Baptiste en procession à St.-Giel, pour honorer la mémoire dudit menestrier. » Ce récit de Mohy est confirmé par Saumery, Délices du Pays de Liége, t. I, p. 312.

  1. Godefroid, moine de Stavelot, qui accompagna les reliques de St.-Remacle à Liége, dans sa relation intitulée : Triumphus Sti.-Remacli de Malmundariensi cœnobio, lib. ii, cap. xix, dans Chapeauville, Gest. Pontif. Leod. Script. t. II, p. 561.