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plus anciennes compositions historiques étant écrites en latin, ces noms sont donc parvenus extrêmement défigurés. Nous le prouverons par un exemple.

Les plus anciens documents wallons, et le peuple, nomment un bourg près de Franchimont Theux. En latin c’est Tectis. En 898, Zuentepold, roi de Lotharingie, le donna à l’église de Liége. Ne pouvant sans doute latiniser cet endroit, il décrit sa situation minutieusement : il dit enfin que son nom est Theux, ainsi que l’appellent les habitants [1]. En 915, Charles-le-Simple ratifie cette donation : Theux n’y apparaît plus que sous le nom de Tectis[2]. Ces deux noms sont sans doute une forte preuve de l’existence de l’idiome wallon au IXe siècle.

On est tout à fait persuadé que cette langue était celle du vulgaire, quand on voit Notger s’en servir pour que le peuple puisse entendre la parole évangélique, et ne faire usage du latin qu’en parlant à son clergé. On cite à l’appui ces deux vers d’un auteur qui vivait peu de temps après lui :

Vulgari plebem, clerum sermone latino
Erudit et satiat magna dulcedine verbi[3].

    lequel s’élève aujourd’hui le palais de l’Université, au milieu de Liége. Combien donc doivent être plus grossières les erreurs des écrivains étrangers, et que pourtant l’on accepte religieusement, comme nous pourrions le démontrer ?

  1. Chapeauville, Gest. Pontif. Leod. Script. t. I, p. 162 ; — Miræus, Opera Diplomatica ; t. I, p. 253.
  2. Chapeauville, Gest. Pontif. Leod. Script., t. I, p. 169. — Miræus, ibid. t. I, p. 254.
  3. Chapeauville, Gest. Pontif. Leod. Script., t. I, p. 220 ; — Fisen, Hist. Eccl. Leod., t. I, p. 159. — M. de Reiffenberg a traité doctement des langues parlées en Belgique, dans son Introd. à la Chronique de Philippe Moushes, t. I, p. cxiv.