Page:Ferdinand Henaux - Études historiques et littéraires sur le wallon, 1843.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 33 —

parvenu jusqu’à nous. Les annales de ces temps, écrites en latin, sont nulles pour offrir quelques renseignements sur les progrès de la langue. Une remarque qui trouve naturellement sa place ici, c’est que, à propos d’histoire, la science traditionnelle paraît avoir seule dominé chez nous jusque vers le IXe siècle. Comme chez les Éburons, les fastes de la nation consistaient dans un recueil de poésies, que le rhythme mettait à la portée du peuple, et que les générations se transmettaient presque sans altération. C’étaient ces chroniques orales que Charlemagne redemandait à la mémoire des peuples. Environ cent ans après lui, des moines ignorants fixèrent par écrit quelques-unes de ces traditions, mais en les mutilant et en les adaptant à l’esprit tout religieux de leur époque. C’est en partie aussi grâce à leur amour du merveilleux, que le berceau de notre histoire est loin d’être éclairci, parce qu’on n’a pu séparer le vrai du faux.

En l’absence de monuments originaux, nos cartulaires ou nos annales rappellent maintes fois que le wallon était la langue nationale. Comme nous le faisions remarquer ci-dessus, les noms géographiques conduisent à prouver ce que nous avançons. Cependant, la plupart des noms de lieux ou d’hommes sont ordinairement rendus méconnaissables quand la langue latine se permet de les accommoder à sa prononciation[1]. Les

  1. Comme de célèbres chroniqueurs étrangers, qui traduisent Liége par Laodicie, Laudociensis, Laudovicensis, etc. V. dans Pertz, Monum. Germaniœ hist., t. III, p. 79, 94, 312, etc. — Est-ce que le savant Ernst, dans son Tableau chronol. des suffragants de Liége, p. 337, n’a pas rendu insulella Globi par petite île ronde ? Cette petite île ronde n’est autre que l’isleau Hochet, sur