Page:Ferdinand Henaux - Études historiques et littéraires sur le wallon, 1843.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 31 —

cas, aucun dictionnaire de langues vivantes ou mortes n’en peut donner la clef, il faut croire qu’ils font partie de cette classe peu nombreuse d’expressions primitives et intactes, faibles débris de l’idiome éburon.

Nous pourrions aisément former une liste de mots qui ont droit à cette antiquité ; mais, de peur de nous égarer dans le labyrinthe des étymologies, et reconnaissant l’impossibilité de constater la date certaine de ces mots, nous préférons laisser au lecteur l’agréable plaisir d’étiqueter ceux qui lui paraîtront avoir été en usage au temps de nos ratayons. Quant à nous, nous nous contenterons de dire, sur leur nature plus ou moins antique, avec Jules Scaliger : Nescio ou, ce qui revient au même, avec son confrère en étymologies, Ménage : Je ne sais pas.

Cependant, sans recourir aux nomenclatures des arts et des métiers, il est certains noms de lieux que l’étymologiste le plus intrépide ne peut disséquer. D’où viennent, par exemple, ces noms de Lîge, Hu, Visé, Teux, Serè, Tif, Vervi, Tonck, Hève, etc ? Et ces noms de rivières : Mouze, Oute, Vèse, etc. ? Qu’indiquent ces mots avec leur physionomie primitive ? Quelles idées représentent-ils ? L’explication en est difficile, impossible, peut-être : les profondeurs de l’étymologie, nous le répétons, sont encore plus obscures que les origines des usages et des institutions[1].

  1. « Les hommes les plus instruits n’osent recourir aux étymologies qu’incognito pour leurs travaux philologiques, dit Champollion-Figeac ; et il n’y a que les moins habiles qui soient moins réservés. » V. sa Dissertation sur l’Étymologie, en tête du Dict. Étymol. de la langue Française de Roquefort, t. I, p. XXIII. Il faut avouer que plusieurs auteurs ont été trop loin en fait d’étymologies. D’un autre côté l’usage un peu trop exclusif de préten-