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droite, par conséquent, comme borne saillante, vers le Rhin[1]. Différentes conjectures ont été formées sur l’étymologie du mot Éburonie. Comme cela devait être, on n’en a trouvé aucune bonne pour ce mot forgé ou estropié par les Romains. Quelques-uns veulent qu’il désigne un peuple cultivateur, d’autres qu’il tire son nom de sa situation sur les bords de l’Ourthe[2]. Quoi qu’il en soit, ce nom n’eut pas une longue existence depuis l’ère vulgaire, car sous le règne d’Auguste on lui substitua celui de Tongrie. Les savants ajoutent que ce nouvel État sortit des ruines de l’ancien, attendu que, s’il faut les en croire, les Éburons furent tous détruits dans leur lutte contre Rome[3].

Cette dernière remarque est le seul obstacle qui nous empêche d’admettre cette judicieuse opinion, quoiqu’elle

  1. Eburonea quorum pars maxima est inter Mosam et Rhenum. Cæsar, Lib. V, Cap. 34.
  2. Cf. Hubert Thomas : De Tungris et Eburonibus, p. 27 ; — Henschenius : De Episcopatu Trajectensi, p. 3. — Les auteurs des Acta S. S. Belgii, t. I, p. 295, rejettent l’étymologie, ab Urte amne, de Henschenius, dont ils sont cependant ordinairement les admirateurs outrés. — Quand est-ce qu’on dotera le pays d’une histoire des Éburons, pour faire oublier le méchant ouvrage de Hubert Thomas, publié en 1541 ?
  3. Desroches : Hist. ancienne des Pays-Bas, t. I, p. 100, t. II, p. 127. — Schayes : Les Pays-Bas avant les Romains, t. I, p. 386. Les savants français croient aussi aveuglément à cette chimérique dépopulation. Les Éburones furent absolument détruits par César, dit Fréret, dans ses Observ. sur la position de quelques peuples de la Belgique, au tome XLVII p. 438, des Mém. de l’Académie des Inscriptions. — L’opinion de Walckenaer est tout aussi absolue : « César fit disparaître du nombre des peuples de la Gaule les Eburones. » Voy. sa Géogr. ancienne des Gaules ; Paris, 1839, t. I, p. 504.