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poids, notre ignorance si grande, que nous n’osons pas même nous aventurer à la recherche approfondie des idiomes en usage parmi les maçons et les manœuvres élevant la tour de Babel. Nous sauterons, avec la permission du lecteur, à pieds joints sur le déluge, partiel ou universel, pour arriver à une époque qui ne soit pas tout à fait si sujette à faire raisonner à perte de vue, attendu la distance, c’est-à-dire que nous nous bornerons à rechercher purement et simplement quelle était la langue que pouvaient parler nos pères il y a environ deux mille ans. Nous ne voulons pas, comme on voit, passer le Rubicon. Certes, il suffit d’un peu de tact pour raccourcir ainsi très-adroitement, sans en avoir l’air, un travail difficile. On nous dira que c’est tourner l’écueil. Erreur complète ! C’est l’escamoter, ce qui est bien différent et qui suppose qu’il n’y en a pas.

On est généralement d’accord pour soupçonner que, environ un siècle avant la naissance du Christ, dans notre région, appelée, dit-on, Éburonie, il n’y avait pas de villes, mais seulement des bourgs et des villages, ce qui n’est peut-être qu’une dispute de mots. Leurs habitants vivaient sous un régime que l’on pourrait avec raison appeler municipal. Leur principale industrie était l’exploitation des mines, et ils sacrifiaient souvent au Dieu du feu, auquel ils avaient élevé des autels. Ils nourrissaient de nombreux troupeaux, et leurs vastes champs étaient couverts de riches moissons. Cela ne dura pas. Les Romains se firent une gloire de détruire ces éléments de prospérité.

Les Éburons formaient un des quatre grands peuples de la Belgique ; ils habitaient les deux rives de la Meuse, mais ils s’étendaient plus particulièrement sur la rive