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Grand'maman en bonne fortune.

Je lui pressai doucement la main.

– Merci, lui répondis-je, de tout le bonheur que vous m’avez donné.

Le soir, lorsque je fus retirée dans ma chambre, le comte vint, comme tous les soirs, me donner au front ce baiser que j’attends toujours pour m’endormir et je crois bien qu’il fut plus long que de coutume. C’était un jour de renouveau d’amour…

À madame la baronne de T ***.

Tu m’as consultée, ma fille chérie, et m’as écrit tout ton chagrin de voir ta fille sur le point de te quitter. Voici ma réponse : lis et relis ce que je viens de t’écrire. Reporte-toi toi-même un peu dans ta vie passée, et riche de toute une existence de bonheur, tu te contenteras comme moi de vivre de tes souvenirs ; songe un peu, chérie égoïste, qu’un jour, quand nous ne serons plus là, quand à peine on se souviendra de nous, ta fille à toi, grand’mère alors, peut avoir dans sa vie une journée comme celle que je viens de te raconter, et dis-moi si tu persistes à t’opposer à une séparation nécessaire, et à prendre