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En prenant le thé

baissant la voix, mais pas assez pour m’empêcher d’entendre.

C’était à Saint-Germain qu’il avait projeté notre promenade, et, pour dire le vrai, je dois avouer que jamais trajet ne me parut plus court.

Aussitôt débarqués, nous nous fîmes conduire en forêt, et là, comme deux amoureux, nous parcourûmes les sentiers ; — nous n’allions pas vite et à chaque jeune couple qui nous dépassait, c’étaient des souvenirs qui nous arrivaient en foule.

Que de fois, nous aussi, dans cette vieille forêt, n’étions-nous pas venus, alors que nos jambes savaient encore courir ! Ici, c’était le carrefour où nous nous étions égarés, — là, un arbre à l’ombre duquel, il y a bien longtemps, je m’étais endormie de fatigue, la tête sur son épaule et la main dans sa main.

L’arbre avait grossi, le carrefour avait bien un peu changé d’aspect, mais nous les reconnaissions, et ces souvenirs nous faisaient sourire.

Vers quatre heures, nous rentrâmes au Pavillon Henri IV.

Nous étions seuls.