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En prenant le thé.

— Est-ce que tu écris quelquefois à petit papa, toi, maman ?

— Oui, chérie, sans doute, reprit la baronne sans trop songer à ce qu’elle disait.

— Il faut lui dire que je suis bien gentille, que je l’aime bien et qu’il doit revenir vite — sinon — je ne l’aimerai plus, ni toi non plus.

Je voudrais bien savoir déjà écrire en fin, pour lui écrire aussi, moi. Je lui dirais toute sorte de bien de ma petite maman, et que Julie voulait me faire accroire que j’allais avoir un autre papa. Il en rirait bien, va, j’en suis sûre, et puis il verrait bien que je ne suis pas une petite niaise, comme il disait…

Je t’ai fait de la peine, petite maman, mais… qu’est-ce que tu as ce soir ? tu ne fais que pleurer ! est-ce que tu n’aimes plus ta petite Jeanne ? Ce serait méchant avant que papa soit revenu.

— Tu es mon ange gardien, ma chérie… je t’aime.

La baronne, les yeux en larmes, pressait en disant cela la petite si fort contre sa poitrine, que l’enfant se mit à crier.

— C’est la première fois que tu me fais mal, maman ; papa ne m’a jamais fait mal, lui.

La jeune femme éclata en sanglots.