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La frileuse.

une lettre de papa, dis ? Est-ce qu’il est malade ?

— Non, chérie, lon père est heureux, et…

— Il ne nous aime donc plus, qu’il est heureux sans sa petite Jeanne ?

Moi, je ne suis pas tout à fait heureuse, petite maman.

Le matin, j’avais deux gros baisers, et je n’en ai plus qu’un, maintenant.

Et puis, s’il revenait, je sais maintenant ma fable tout entière.

Tu sais, il me grondait toujours quand je ne la savais pas ; je la sais bien maintenant. Veux-tu que je te la dise, dis ?

— Non, mignonne, un autre jour.

L’enfant arrêta un instant son bavardage, puis après un silence :

— On n’a jamais qu’un papa, n’est —ce pas, petite maman ?

— Oui, ma chérie.

— Tu vois bien, Julie, fit l’enfant se tournant vers sa bonne qui était restée dans un coin de la chambre ; tu vois bien que je ne suis pas une sotte et que tu voulais te moquer de moi ?

Sur un regard irrité de la baronne, Julie sortit.