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En prenant le thé.

elle se blottit et se cacha la tête dans la grande robe de chambre.

Sous ce vêtement, la baronne était peu vêtue.

L’enfant, sentant le chaud du corps de sa mère et sa poitrine qui battait si fort, écarta lentement de ses petites mains la chemise de batiste de la baronne, et doucement, comme pour une farce, la petite rieuse lui appliqua un baiser sur la poitrine.

La jeune femme surprise tressaillit.

— C’est la bonne place, ah ! je me rappelais bien, petite mère. Je t’ai fait peur, hein ! — Et la mignonne riait plus fort.

— C’est ma place, à moi toute seule, pas vrai, maman ?

La baronne, pour réponse, la baisa au front.

— Papa t’embrassait sur l’épaule, lui ! Oh ! je me rappelle bien, va. C’était longtemps avant son grand voyage, tu sais ? quand on est venu le chercher en voiture et qu’il a oublié de m’embrasser ce jour-là !

Tu sais bien, n’est-ce pas ?

— Oui, mon enfant.

— Dis donc, il reviendra bientôt petit père ?… Pour quoi pleures-tu, mèrette : je suis sûre que c’est ce vilain homme, avec cette lettre de ce matin. C’était