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En fanant

ment le fourrage, mais quand les ouvriers revinrent, tout notre ouvrage était à refaire.

— Oh ! tant pis ! j’en ai assez, je suis fatiguée ! s’écria tout à coup la jeune femme. Allons nous asseoir.

Et, entraînant son mari par le bras, ils allèrent se reposer à l’ombre d’un grand tas.

Je continuai un instant à faner, et me mis à causer avec les ouvriers.

Enfin, vaincu aussi par la chaleur, je me laissai tomber à côté d’une meule de foin.

Au loin, le lourd chariot, attelé de bæufs, commençait à recueillir le fourrage, et certain d’être réveillé lorsqu’ils en seraient à moi, je fermai les yeux et cherchai à m’endormir.

Il y avait peu de temps que j’étais là, lorsqu’un léger bruit parvint à mon oreille.

Je regardai autour de moi : les travailleurs étaient loin dans la prairie : j’étais seul ; je refermai les yeux et me mis à écouter : — Non ! non ! non ! disait une voix rieuse, — et il me sembla qu’on causait plus bas : un bruit indécis, comme de deux personnes se parlant à l’oreille, arriva jusqu’à moi pour y mourir.