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En prenant le thé

j’eusse pu me reconnaître, un gros baiser appliqué sur ma joue retentissait sonore et me faisait rougir jusqu’aux oreilles.

Puis la jeune femme s’en alla prendre le bras de son compagnon ; ils se mirent à causer bas.

Comme le sentier était étroit, encaissé de talus et bordé d’aubépines et de chèvrefeuilles, je marchai derrière. De temps en temps, ils se retournaient, sans se lâcher le bras, et…

— Venez donc ! me criait-elle, vous ne nous gênez pas ; et avec son aplomb tout neuf, son assurance de jeune mariée, elle fixait sur moi ses grands yeux bleus.

Je faisais assez sotte figure.

Nous arrivâmes enfin à la prairie fauchée.

Çà et là, de hautes meules de foin étaient formées, et sous leur ombre se reposaient les faneurs et les faneuses. Plus loin, le foin encore étalé, et, au milieu, les longs râteaux doubles, fichés en terre, le manche en bas.

Pendant que les travailleurs finissaient le goûter, nous nous mîmes au travail.

Armés d’une fourche, nous remuâmes vigoureuse-