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En prenant le thé

À mon entrée, il y eut du froid ; et tout d’abord, je fus assez vexé de la façon d’être de mes futurs beaux parents.

— Nous vous recevons sans façon, monsieur Léon, comme vous voyez, — en famille, — dans l’intimité, — me dit le père, gros ventru assez commun.

Puis se tournant vers son épouse : — Bonne amie, dit-il, fais donc servir le thé !

Bonne amie ne bougea non plus qu’une souche, occupée qu’elle était à se faire énumérer par ma tante mon présent et mes espérances.

Je pris place entre Mlle de K. et son frère, et nous causâmes de choses indifférentes.

Ma future, en vérité, était ravissante : elle avait ce jour-là une robe de gaze blanche montante, agrémentée de nœuds de ruban mauve.

Son corsage de dessous décolleté me permettait de voir ses épaules rosées et à fossette ; — à ce propos, elle avait une fossette sur l’épaule droite et pas sur l’épaule gauche ; pourquoi ?…

En causant, comme bien tu penses, je l’examinais attentivement, et j’avais fini par me réjouir presque d’avoir encore fait ce pas qui pouvait m’ouvrir l’intimité de la famille : j’étais heureux d’avoir accepté