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Entre cousins

Il y avait dix bonnes minutes que nous étions dans l’eau.

— Traîne-moi, me dit-elle.

Je lui pris les mains : raidissant ses jolis bras, elle se souleva du sol, et moi, marchant à reculons, je la traînai.

Sa tête seule sortait de l’eau ; le cou tendu, la tête fortement rejetée en arrière et ses longs cheveux flottants sur l’eau, elle me dirigeait des yeux dans ma course à reculons.

À chaque vague, je courbais le dos ; elle baissait la tête et, la garantissant de ses bras relevés, coupait la vague ; puis elle se redressait, regardait à l’horizon, et c’étaient des joies et des cris d’enfant, quand arrivait une vague plus forte que les autres ou une série de trois.

— Attention, Léon ! me cria-t-elle. Baisse-toi, baisse-toi vite.

Et je me baissai.

C’était une série, et je chancelai un peu tout en raidissant mes bras pour soulever Berthe hors de l’eau.

Quand tout fut passé, je relevai la tête.

Pauvre cousine !