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En prenant le thé

— Vous êtes un brin coquette, lui remarquai-je, lorsque, revenue de la première surprise de l’eau, elle releva sa tête voilée de ses longs cheveux qui lui collaient au visage, — vous auriez dû rentrer ces cheveux-là.

— Il faut bien se vêtir de quelque chose, me répondit-elle en riant, et crois-tu que je sois tout à fait chez moi, dans ton costume d’homme ? Décidément… je te croyais plus large de poitrine…

Une vague lui coupa la parole ; elle fit deux pas en chancelant, et ses petits pieds enfonçant dans le sable, elle s’accrocha à mon bras pour rétablir son équilibre.

— Allons, en avant, me dit-elle, et nous tenant la main, nous avancions vers la haute mer.

— Sais-tu nager, Léon ?…

— Oui, — mais le temps est trop gros, les vagues trop fortes aujourd’hui, — cela me serait impossible.

Tout en causant, nous avancions toujours.

À chaque vague qui déferlait, la charmante fille poussait un petit cri et se cramponnait à moi.

Elle était courageuse cependant, la petite cousine, et sans mes remontrances, elle se serait sans doute aventurée plus loin.