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Jeune poule.

causons sérieusement, — comme frère et sæur.

… Un peu plus loin, je voulus pénétrer dans le bois.

— Non, me dit-elle presque effrayée, non.

Et comme je la regardais, étonné, elle rougit encore. Elle était agitée, inquiète, et par moments avait des larmes dans les yeux ; tout d’un coup elle me prenait le bras gracieuse et enfant comme autrefois ; puis, d’autres fois, sans raison, me le lâchait et marchait plus vite. Elle avait des mots charmants et des brusqueries méchantes…

Je voulus lui offrir un bouquet d’aubépine que je venais de cueillir.

— Pourquoi me donnez-vous cela ? me dit-elle ; puis voyant que je la regardais surpris, elle se mit à pleurer.

Je jetai le bouquet au loin. En voyant cela, elle me prit la main :

— Pardonnez-moi, Henri, c’est l’orage sans doute, mais je suis souffrante, et ne sais si je dois rire ou pleurer.

Au détour d’un chemin, Marron, qui s’arrêta le nez au vent, nous avertit de l’arrivée de mon frère, que nous vîmes bientôt paraître au bout de l’allée ; il revenait de visiter une ferme.