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Jeune poule.

Le soleil s’était montré un instant.

— Sortons-nous ? me dit Marie en se levant.

Je ne sais pourquoi, pendant qu’elle se préparait, je regardai ma petite amie mieux qu’à l’ordinaire : elle est en vérité charmante et fort gracieuse. Elle se campa sur la tête un toquet orné d’une plume de faisan, blottit ses petits pieds dans de coquets sabots peints en noir, puis retenant sa robe d’une main :

— Je suis prête ; venez-vous ? — me dit-elle. — Allons au petit bois.

Et nous partîmes : elle, ravissante sous les reflets rosés de son ombrelle, et moi l’accompagnant, le cigare aux lèvres.

Qu’il fait bon, après un orage, courir par la campagne rafraichie ! Cette odeur âcre et pénétrante de la terre mouillée vous ranime ; les grosses gouttes qui tombent des arbres et font croire au retour de la pluie, le ruisseau qui reprend son cours et laisse couler dans son lit ensablé le dernier filet d’eau jaunâtre, pendant que les oiseaux recommencent à chanter, tout cela n’est-il pas charmant ? Le village renaît peu à peu : on rencontre, au tournant de la route, les grands beufs attelés qui vous regardent de leurs gros yeux tout ronds, et les paysans, la