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En prenant le thé

danser à cheval sur mes genoux, et nous riions… et nous chantions…

Puis, après le dîner, quand on avait été bien sage, bébé, maman et papa montaient tous trois dans la petite chambre bleue, et l’on couchait la mignonne.

Elle durait bien un peu longtemps cette malheureuse toilette de nuit, mais quel bon temps !… Et quels souvenirs !… Chacun enlevait tour à tour une partie du vêtement, et l’on combinait, à travers les rires et les baisers, la toilette du lendemain et l’on se promettait des surprises.


La conversation commençait à tomber.

— Et l’enfant ? demandai-je à la mère.

Au même instant, un petit bruit, à peine articulé, parvint jusqu’à moi ; c’était un gros soupir, un sanglot étouffé : je prêtai l’oreille.

— Qu’est-ce ? fîmes-nous tous deux ensemble.

Et j’appelai.

— Jeanne ! Jeanne ! Chérie !…

L’enfant sortit de son coin et montra sa tête par la porte entr’ouverte.

— Qu’as-tu ? mignonne, lui demandai-je.

Elle se mit à sangloter plus fort, en me regar-