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La tête et le cœur.

C’était une pièce toute de sentiment et d’amour ; dans cette atmosphère toute factice de paroles brûlantes et de demi-aveux, l’artiste se mouvait comme dans un rêve et je fus tout étonné de voir se baisser la toile qui me rappelait à la réalité.

Je me retournai alors, et jetant un regard sur ma femme :

— Cette pièce est charmante, lui dis-je tout en continuant d’applaudir.

Elle ne répondit pas. La tête baissée, elle cherchait à lire, dans la demi-obscurité de la loge, les noms des acteurs pour la pièce suivante.

Je me levai pour faire un tour dans le couloir.

Au moment où j’allais franchir le seuil, ma femme leva vers moi son regard suppliant.

— Tiens-tu à rester encore ? me demanda-t-elle.

— Mais…, fis-je assez surpris.

— Oui, ajouta-t-elle, je ne suis pas très-bien, je voudrais rentrer.

— Partons, chérie.

— Merci ! Et comme si je lui faisais un grand sacrifice, elle me prit la main : — Merci, répéta t-elle.

Lorsque nous fûmes dans la rue :