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La tête et le cœur.

théâtre avec ta femme comme un bon bourgeois ?

— Tu es folle, chère petite. Et la lorgnette ?

— La voici.

Nous montâmes en voiture.

Pendant tout le trajet, comme une enfant gâtée, elle babilla sans s’interrompre.

— Je suis toute joyeuse, me disait-elle, de t’emmener : nous allons prendre une baignoire, veux-tu, comme deux amoureux, et après, eh bien, nous irons souper. C’est entendu, n’est-ce pas ?

— Si tu veux.

Tous ces enfantillages adorables, tous ces élans naïfs avaient en elle un charme si grand, et elle était si près de moi, que, l’attirant vers le fond de la voiture, je l’embrassai tout doucement ; on pouvait me voir à la clarté des étalages : c’était un peu du fruit défendu : j’étais heureux.

— Que je t’aime, me dit-elle… Mais nous y voilà.

Le premier acte touchait à sa fin lorsque la porte de la baignoire se referma sur nous.

L’actrice en scène, debout près du trou du souf-